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La Journée de la Régionale 2023
Article mis en ligne le 27 décembre 2023
dernière modification le 5 janvier 2024

par Le Comité de la Régionale

La Journée de la Régionale 2023 s’est déroulée samedi 18 novembre. Avec l’ouverture récente de la Maison Poincaré, l’occasion était trop belle et le comité de la Régionale n’allait pas la laisser passer.

Nous nous sommes donc retrouvés nombreux dès 9h30 pour le traditionnel accueil matinal autour d’un café à l’Institut Henri Poincaré. Nous avons pu consulter quelques brochures de l’APMEP et le matériel de géométrie « Talma » que Michel Roux [1] produit et commercialise : règles, rapporteurs avec ou sans graduations…

 

Assemblée Générale 2023

L’Assemblée Générale de l’association s’est tenue en début de matinée.

Soumis aux votes des adhérents, le rapport financier 2022 et le rapport d’activités 2022-2023, comme la composition du nouveau comité, ont initié des discussions riches, nous permettant d’évoquer les projets actuels et futurs de la Régionale.

Citons à ce titre, le concours « Maths en Jeux 2024 » organisé en partenariat avec l’IREM de Paris, la future rencontre de la Régionale ou encore l’éventualité d’organiser des Journées Nationales en Île-de-France dans les années à venir, et sans oublier notre projet de fabrication de certains jeux primés lors des éditions précédentes de notre concours.

L’Assemblée Générale permet aux adhérents de mieux comprendre le fonctionnement du comité régional qui, rappelons-le, est ouvert à tous et toutes (consultez les prochaines réunions sur notre site).

 

Visite de la Maison Poincaré

La matinée s’est poursuivie avec la visite de la Maison Poincaré en deux temps puisque, victime de notre succès, nous avons dû organiser une seconde visite en libre accès, la première avec un conférencier étant complète depuis fin octobre.

Trente collègues d’Île-de-France, adhérents ou non de l’association, ont assisté à une visite-conférence guidée par un médiateur scientifique du musée. Une visite libre ouverte à la vingtaine de personnes supplémentaires leur a permis de découvrir aussi les sept espaces du musée qui constituent l’exposition permanente : « Modéliser », « Devenir », « Inventer », « Visualiser », « Connecter », « Partager » et « Respirer ». Le petit mais splendide musée propose des expositions autour de ces thèmes ainsi que des ateliers pour les groupes d’élèves.

La visite conférence s’est concentrée sur trois salles :

  • « Partager » en lieu de l’ancienne salle de thé du laboratoire de chimie physique.
    Nous avons ainsi visualisé, grâce à une carte interactive, comment les mathématiques ont été et sont véhiculées à travers le monde, comment elles sont autant de supports pour faire communiquer les sociétés entre elles, avec le monde qui les entoure et les êtres humains.
  • Après un détour par le somptueux amphithéâtre Jean Perrin, nous nous sommes retrouvés dans l’espace « Connecter » pour nous intéresser à la carte du « métro mathématique », graphe des mathématiques et des ponts entre ses multiples domaines.
    À l’aide d’objets de la vie de tous les jours, le dialogue s’installe avec le visiteur qui se questionne sur les rapports entre ceux-ci et les mathématiques. Si cela parait simple pour le tore, vulgaire bouée en plastique, les élèves pourraient peut-être plus se creuser la tête en qui concerne le lien [2] entre une valise et les mathématiques...
  • La visite s’est achevée dans la salle réservée aux ateliers avec les élèves. Ce fut également le temps de déambuler (et « Respirer ») dans le patio du musée qui est le jardin Jacqueline Ferrand : l’œuvre d’Ulysse Lacoste, le rulpidon, emblème du musée, y trônant fièrement.

 

Repas

Cette année, nous avions commandé des pizzas et apporté des fruits pour un repas sur place. Instant convivial qui permet des échanges à bâtons rompus.

Seul regret : ne pas avoir pu profiter de la "nouvelle" cafet’ de l’IHP qui était réservée au séminaire Bourbaki qui se tenait en parallèle de notre journée.

 

l’IA, un outil…

 
En début d’après-midi, nous avons accueilli Gilles Dowek.

Par ses talents d’orateur, il a su captiver son auditoire pour nous parler de l’intelligence artificielle (IA en abrégé) et de ses enjeux pour l’enseignement et en particulier celui des mathématiques.

Après nous avoir expliqué le fonctionnement d’une intelligence artificielle qu’il préfère appeler apprentissage automatique [3], il indique trois axes qui guideront sa conférence :

  • Comment enseigner cet outil ?
  • Qu’en faire ?
  • Quelle connaissance l’IA apporte-t-elle sur notre propre fonctionnement ?

Tout d’abord, Gilles Dowek s’est interrogé sur la façon dont nous pourrions transmettre aux élèves ce type de technique qu’est l’apprentissage automatique. Pourquoi ne pas se concentrer sur la nécessité, à travers le temps, d’inventer, au fur et à mesure des besoins naissant, de nouveaux outils ? Ainsi l’intelligence artificielle apparaît aujourd’hui comme un nouvel outil. En fait, pas si nouveau que cela puisqu’un des premiers ChatBot, Eliza, date de 1964. À l’époque, les bases de données n’étaient pas aussi développées que maintenant et la puissance des processeurs, notamment graphiques, ne permettait pas la même rapidité qu’actuellement. L’intelligence artificielle, un nouvel outil qui est maintenant plus puissant et plus efficace que les moteurs de recherche, capable de chercher plus rapidement dans une vaste masse de données.

L’apprentissage automatique s’appuie sur des statistiques : étudier, enseigner les statistiques, qui permettent le traitement de données, et leur utilisation dans le fonctionnement de cet outil, constitue donc une première piste pour l’enseignement.

Mais alors comment utiliser exactement cet outil avec nos élèves et dans quel cadre ? C’est une interrogation que plusieurs collègues ont exprimé dans la salle.

Bien entendu, si l’on souhaite que les élèves ne puissent pas utiliser l’IA dans leurs travaux et éliminer toute possibilité d’y avoir recours, il y a les devoirs sur table ! Pour les devoirs hors du temps de classe donnés aux élèves, certains ont peut-être déjà été effectués en totalité ou en partie par une intelligence artificielle. Pour s’en prémunir, il faut donc adapter nos exercices, les modifier afin qu’ils ne soient pas « trivialisés » par une intelligence artificielle.

Dans la salle, certains collègues ont émis l’idée de proposer des devoirs maison utilisant des données personnelles ou encore des données à récupérer à l’aide de mesures. C’est donc une adaptation de notre enseignement que l’on doit envisager en réponse aux inquiétudes face à cet outil.

Ainsi le 3e axe de la conférence est abordé : que nous apprend cette expérience sur notre manière d’apprendre ?

En mathématiques comme dans d’autres disciplines, notre procédé d’apprentissage actuel est basé sur l’apprentissage de méthodes. Pour cela, on les appréhende, on essaie de les comprendre puis on les utilise de façon répétitive. Notre apprentissage s’appuie ainsi sur la pratique et cela a beaucoup d’importance, sachant que nos discours sont basés sur la répétition.

Or, avec une intelligence artificielle (i.e. une machine d’apprentissage automatique), connaître une grande quantité de propriétés et de théorèmes se révèle moins important. Il s’agit surtout de développer la compétence visant à mobiliser le bon outil au bon moment, à formuler convenablement une demande.

Selon Gilles Dowek, apprendre à raisonner et développer les compétences pour mobiliser des connaissances précises, un des objectifs de l’enseignement des mathématiques, devient alors encore plus important. Des collègues présents ont fait part de leurs préoccupations quant à l’incidence sur le rapport au travail des élèves. N’étant pas accompagnés hors la classe pour appréhender cet outil, comment aider les élèves à comprendre la nécessité d’apprendre, de raisonner seul, de chercher...

En conclusion, comme pour tout nouvel outil qui apparaît au fil du temps, nous devons chercher ensemble quelles seraient les meilleures stratégies d’utilisation dans nos enseignements. Nous avons pu évoquer l’époque de l’arrivée dans les classes des calculatrices et des réticences exprimées à l’époque par les enseignants. « Crier au loup » n’aurait rien de constructif ; il s’agit d’appréhender l’outil, ses dangers, ses limites et ses avantages pour l’intégrer à nos pratiques et les faire progresser.

Par exemple, lorsqu’un collègue demande comment peut-on reconnaître qu’un travail a été produit par un élève ou par une intelligence artificielle, outre celles déjà évoquées à ce sujet ci-dessus, une autre piste est de privilégier et développer l’apprentissage de la relecture de la réponse proposée par l’intelligence artificielle.

Nos objectifs d’enseignement doivent donc aussi évoluer comme cela a bien été le cas lors de l’introduction de tous nouveaux outils, comme les calculatrices, le tableur, les logiciels de géométrie dynamique et d’autres qui ne manqueront pas d’émerger.

 

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Les chantiers de pédagogie mathématique n°199 décembre 2023
La Régionale de l’Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS